Lorsque nous arrivâmes à la Bérésina, il n’y avait plus, comme vous le savez, ni discipline ni obéissance militaire. Faisant aussitôt mettre son acquisition dans la boîte qui lui avait été si généreusement superoctroyée, il ordonna à son valet de chambre de la porter en son logis ; presqu’aussitôt il faussa compagnie au gouverneur et à son monde pour aller se mettre en jouissance, et pendant la nuit entière qui suivit, il n’y eut pas à cinquante toises à la ronde un voisin qui pût fermer l’œil, tant fut bruyante et prolongée la prise de possession. Encore, devons-nous faire remarquer que, neuf fois sur dix, il est préférable d’ajouter le produit même au fonds, pendant la préparation de celui-ci. J’en fus d’autant plus heureux que, le lendemain de mon arrivée, j’avais assisté à une séance musicale pendant laquelle l’auditoire ne s’était pas un seul instant départi de sa froideur, et où j’avais vu le silence le plus complet succéder à l’exécution de merveilles, même, telles que la symphonie en ut mineur de Beethoven. Popinot avait le bonheur d’agir sur une plus vaste circonférence et dans une sphère plus élevée : il veillait à tout, il prévenait le crime, il donnait de l’ouvrage aux ouvriers inoccupés, il faisait placer les impotents, il distribuait ses secours avec discernement sur tous les points menacés, se constituant le conseil de la veuve, le protecteur des enfants sans asile, le commanditaire des petits commerces
Je l’avais connu à Paris cinq ans auparavant ; il m’accabla chez lui de prévenances et de ces témoignages de véritable bonté qu’on n’oublie jamais. Arrivés à un petit monticule d’où l’on pouvait encore apercevoir la ferme où nous avions passé la nuit, nous entendîmes des cris qui ressemblaient au rugissement des lions dans le désert, au mugissement des taureaux ; mais non, cette clameur ne pouvait se comparer à rien de connu. Et puis j’ai pris le parti de tout avouer, heur et malheur ; j’ai commencé déjà dans ma précédente lettre, et je suis prêt à continuer dans celle-ci. « Depuis que j’ai vu ce tableau, c’est peut-être ce que je désire le plus connaître avec la Pointe du Raz qui serait, d’ailleurs, d’ici, tout un voyage. J’ai entendu ensuite cette troupe chantante dans la Muette de Portici sans changer d’opinion à son égard. Dans la maison même
Pour les mouvements du Freyschütz, je ne puis rien dire, ils en ont, sans doute, beaucoup mieux que moi les véritables traditions ; mais quant à la Muette, à la Vestale, à Moïse et aux Huguenots, qui ont été montés sous les yeux des auteurs à Paris, et dont les mouvements s’y sont conservés tels qu’ils furent donnés aux premières représentations, j’affirme que la précipitation avec laquelle j’en ai entendu exécuter certaines parties à Stuttgard, à Leipzig, à Hambourg et à Francfort, est une infidélité d’exécution ; infidélité involontaire, sans doute, mais réelle et très-nuisible à l’effet. La vraie modestie consisterait, non-seulement à ne pas parler de soi, mais à ne pas en faire parler, à ne pas attirer sur soi l’attention publique, à ne rien dire, à ne rien écrire, à ne rien faire, à se cacher, à ne pas vivre. De là une précieuse exactitude dans l’exécution, exactitude due à l’unité de sentiment et de méthode, autant qu’à l’attention des violonistes. Quelle que fût, d’ailleurs, tel jour donné, celle que je préférais apercevoir, les autres, sans celle-là, suffisaient à m’émouvoir ; mon désir même se portant une fois plutôt sur l’une, une fois plutôt sur l’autre, continuait – comme le premier jour ma confuse vision – à les réunir, à faire d’elles le petit monde à part, animé d’une vie commune qu’elles avaient, sans doute, d’ailleurs, la prétention de constituer ; j’eusse pénétré en devenant l’ami de l’une d’elles – comme un païen raffiné ou un chrétien scrupuleux chez les barbares – dans une société rajeunissante où régnaient la santé, l’inconscience, la volupté, la cruauté, l’inintellectualité et la joie
R. VII, le Jeune, dernier comte de Toulouse, fils et successeur du préc., né à Beaucaire en 1197, fut excommunié deux fois pour les mêmes motifs que son père, n’en poursuivit pas moins la guerre, triompha de Simon de Montfort et de son fils Amaury, et contraignit ce dernier après la mort de Raymond VI à traiter avec lui (1224). Mais, truffes surgelées affaibli par une si longue lutte, il sentit le besoin de faire sa paix avec la cour de France et avec le St-Siége (1229). Il mourut à Milhaud en 1249, laissant ses domaines à Jeanne, sa fille unique, qui avait épousé en 1237 Alphonse, comte de Poitiers, frère de Louis IX. De là la terrible guerre des Albigeois, l’expulsion des anciens comtes, et l’élévation de Simon de Montfort au titre de comte de Toulouse (1212-1218). La mort de Simon rendit le comté à l’ancienne dynastie, mais celle-ci s’éteignit bientôt dans les mâles en la personne de Raymond VII (1249). Sa fille Jeanne, épouse d’Alphonse, frère de S. Louis, lui succéda, sans conserver toutefois les vastes arrière-fiefs du comté de Toulouse (ceux-ci par le traité de Paris, 1229, avaient été cédés à la couronne) ; enfin en 1271, après la mort d’Alphonse et de sa femme, qui ne laissaient pas d’enfants, le comté de Toulouse proprement dit fut aussi réuni au royaume de France